L’œil du critique

Article de Emerentienne DUBOURG pour « Danse Magazine » à l’occasion du passage de Nadejda L. LOUJINE au centre Mandapa le 24 octobre 2011.

« Le Rêve d’une cariatide »

Nadeja Loujine - Spectacle du rêve d'une cariatideQu’est ce qu’une cariatide, sinon une statue colonne à la figure féminine qui supporte un autre élément architectural. Ce terme éminemment symbolique reprend, à travers la pièce de Nadejda LOUJINE, le thème de la femme représentative d’un monde en train de fuir, et qu’elle fuit elle-même pour préserver la force qu’elle détient en elle. Au cœur de notre actualité, Nadejda danse cette déchirure ressentie intensément par l’identité féminine. Les hommes semblent pour la plus part « armés » psychologiquement et le sont, hélas, matériellement.

En dansant et en incarnant ce personnage, on retrouve en Nadejda Loujine la force et la solitude mêlées, la grâce de son geste qui puise dans un vocabulaire authentique, la théâtralité qui enrobe son art et lui donne une seconde dimension. Concentré sur la scène intimiste du Mandapa, son tapis plié est un linceul de douleurs, mais aussi le nid de ses pensées, la plage de son rêve et un tremplin d’espoir. Ces pas, multiples caresses, et piétinements foulent le sol, avec délectation, allégresse, puis tristesse et résignation.

Le rêve d’une cariatide est comme le déroulement d’une vie ou d’un jour, avec ses joies et ses peines, son destin et ses rêves. Pour cette soirée, Nadejda Loujine s’est entourée du chœur de chanteuses Géorgiennes Irinola, assistées du groupe Marani, de Cécile Grolet, son élève et assistante, de Gérard Madilian, respectivement interprète de la danse des poignards et de la danse de l’Aigle sur les chorégraphies de Nadejda Loujine et d’Alain Madilian, musicien et accompagnateur au dheol (instrument traditionnel).

Comme sa danse, cette soirée est placée sur le signe du caractère, de l’émotion et du partage puisque, au cœur de son association « La Geste du Loup Gris », Nadejda Loujine enseigne, transmet et crée.